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Hongrie : Les dirigeants des 27 adoptent un Pacte de compétitivité

Deux jours après l’élection de Donald Trump, les dirigeants de l’Union européenne (UE) ont approuvé un accord de compétitivité édulcoré, lors d’un sommet informel du Conseil européen à Budapest, vendredi 8 novembre.

Les 27 États membres de l’UE, accompagnés du président du Conseil européen Charles Michel et de la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen, ont adopté la « Déclaration de Budapest sur le Nouveau Pacte européen de Compétitivité ».

Avec pour objectif de « combler le fossé en matière d’innovation et de productivité, tant avec nos concurrents mondiaux qu’au sein de l’UE », indique la déclaration.

Alors que la réélection de Donald Trump s’imprime dans tous les esprits – annonçant un potentiel désintérêt des États-Unis pour l’UE et une baisse ou un arrêt des financements en direction de l’Ukraine – l’autonomie stratégique était au cœur des discussions des dirigeants de l’UE jeudi soir et vendredi.

« Les États-Unis sont notre plus grand partenaire économique et commercial. Nous allons immédiatement construire une bonne relation avec la nouvelle administration, afin de forger au mieux l’agenda transatlantique », a expliqué Ursula von der Leyen lors de la conférence de presse de clôture du sommet, alors que Donald Trump menace d’imposer une taxe de 20 % sur les produits européens entrant aux États-Unis.

L’UE est prête à « engager [le dialogue avec les États-Unis], à discuter de nos intérêts communs, puis à entamer des négociations » pour que, si de nouvelles barrières commerciales devaient être introduites, cela se fasse de manière coordonnée et ouverte, a ajouté Ursula von der Leyen.

La présidente de la Commission a également laissé entendre qu’un levier potentiel de négociations pourrait être de remplacer le gaz naturel liquéfié (GNL) russe par le GNL américain.

« [Trump] viendra avec des idées commerciales. Nous devons nous lever, négocier et conclure un accord. Tout dépend de notre force et de notre détermination », a déclaré aux journalistes le Premier ministre hongrois Viktor Orbán.

Les dirigeants de l’UE ont également participé jeudi 7 novembre au sommet de la Communauté politique européenne (CPE), le premier depuis l’annonce des résultats des élections américaines, alors que Viktor Orbán tente de s’imposer au sein de l’UE comme un interlocuteur privilégié du nouveau président américain.

Dans ses remarques préliminaires au sommet de la CPE, le président Emmanuel Macron avait averti que l’Europe risquait de devenir un « herbivore » dans un monde de « carnivores ».

Une déclaration édulcorée

Dans ce contexte, la Déclaration de Budapest, publiée plus tôt dans la journée, visait à renforcer l’autonomie de l’Europe, et à apaiser les craintes que le continent ait à pâtir d’une administration Trump 2.0.

La déclaration, qui intègre bon nombre de recommandations du rapport Draghi, explique vouloir développer l’Union des marchés des capitaux (UMC), prendre des « mesures décisives » en vue d’une Union de l’épargne et de l’investissement d’ici 2026, et définir les contours d’un pacte industriel vert dans les 100 premiers jours de la nouvelle Commission.

« Il a été facile de parvenir à un accord sur la compétitivité car ce n’est pas idéologique, c’est très pragmatique », a déclaré Viktor Orbán, appelant à « rendre l’Europe à nouveau grande » en référence au célèbre slogan de Donald Trump « Make America Great Again ».

Mais des fissures apparaissent déjà.

La version finale de la déclaration est ainsi bien éloignée de l’ébauche originale de Charles Michel, sans aucune mention de la nécessité « d’éliminer les barrières transfrontalières » dans le secteur des télécommunications, d’harmoniser les lois sur l’insolvabilité des États membres, de réformer le marché de la titrisation de l’UE ou de parvenir à une plus grande « convergence » dans la supervision financière et la fiscalité.

Les nouveaux outils financiers à la disposition de l’UE pour soutenir les transitions énergétiques et numériques et continuer à financer les efforts de guerre de l’Ukraine, tels que les « ressources propres » et la dette commune, doivent seulement être « explorés », a indiqué Charles Michel aux journalistes vendredi.

L’UE garde également un œil attentif sur la situation politique en Allemagne, où la coalition du chancelier Olaf Scholz s’est effondrée mercredi 6 novembre et alors que des élections anticipées pourraient être annoncées avant mars.

La Hongrie isolée sur le dossier ukrainien ?

Charles Michel et Ursula von der Leyen ont enfin réitéré leur soutien à l’Ukraine – mais n’ont fourni aucune garantie que l’UE soit en mesure de compenser la baisse ou la suppression de l’aide américaine.

En 2023, Donald Trump avait déclaré à ses partisans qu’il mettrait fin à la guerre de la Russie « en 24 heures », sans préciser quand devait commencer cette période de 24 heures.

Pendant ce temps, Viktor Orbán a dû défendre sa position « pro-paix » sur l’Ukraine, niant avoir jamais été « isolé » sur la scène européenne.

Réaffirmant que la Hongrie ne souhaitait pas s’impliquer dans la guerre, il a averti que « le temps ne joue pas en faveur de l’Ukraine » et que Kiev et Moscou devaient dès que possible se préparer à un cessez-le-feu.

Le Premier ministre hongrois a déclaré aux journalistes avoir proposé l’idée au président ukrainien Volodymyr Zelensky en juillet dernier, mais que ce dernier l’avait rejetée. « Si vous avez une opinion et que vous êtes seul, et qu’il y a 26 autres avis, ce n’est pas de l’isolement, c’est une discussion », a déclaré le Premier ministre hongrois.

« Être seul avec mon opinion et essayer de convaincre les autres, c’est dans mon ADN », a-t-il ajouté.

[Édité par Laurent Geslin]

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