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Sénégal: le bateau-laboratoire Tara poursuit ses recherches au large de Dakar

Le Sénégal, c’est la dernière étape de la mission Microbiome à bord de la goélette de la fondation Tara océan. Après près de deux ans de navigation, le bateau-laboratoire n’a pas choisi le large des côtes sénégalaises au hasard. Avec les eaux au large de la Namibie et du Chili, c’est l’une des principales zones d’upwelling au monde, c’est-à-dire ces zones de courants verticaux qui font remonter les eaux froides riches en nutriments et donc en poissons.

De notre correspondante à Dakar, 

Malgré la pluie, la goélette Tara et ses scientifiques sortent les voiles pour se rendre au large de Dakar. À bord depuis trois semaines, Samuel Chaffron, chargé de recherche au CNRS, se réjouit des échantillons collectés au large du Sénégal pendant cette saison chaude. « On a échantillonné des stations qui se trouvent dans une zone d’upwelling, donc une zone très riche en nutriments, surtout l’hiver quand les vents forts chassent les masses d’eau chaude en surface, explique le chercheur. Ça permet aux profondeurs chargées en nutriments de remonter en surface, donc au plancton de se développer de façon exponentielle. En décembre, une campagne de l’IRD [l’Institut de recherche pour le développement] va revenir aux mêmes stations, et va échantillonner aussi. Comme ça, on aura deux temps d’échantillonnage à comparer, avant et pendant l’upwelling. »

Dans des tanks d’azote liquide, les scientifiques gardent précieusement les échantillons de microbiomes collectés depuis Cap Town – c’est-à-dire ces micro-organismes de l’océan qui sont les premiers maillons de la chaîne alimentaire, mais aussi essentiels pour capter les émissions de carbone. « Ça permet aussi aux poissons de se développer beaucoup. On a des zones très riches en poissons parce qu’il y a beaucoup de plancton, et beaucoup plus de mammifères aussi, en comparaison à d’autres zones comme au large du Brésil, qui sont beaucoup plus pauvres en nutriments oligotrophes, poursuit Samuel Chaffron. On observait beaucoup moins de plancton et aucun mammifère, contrairement à ici. Donc c’est vraiment deux zones différentes. »

Romain Troublé, directeur de la Fondation Tara Océan, explique pourquoi il est important d’étudier ces zones particulières de l’océan : « Cet écosystème particulier qu’on appelle le microbiome est sensible à la température, au changement climatique, et il est aussi sensible à la pollution. On essaye avec Tara et les chercheurs impliqués dans les projets de Tara de mieux comprendre comment ça fonctionne, ce qu’on peut prédire, si on peut aussi mieux évaluer les stocks et les quotas de pêche à autoriser pour que ce soit soutenable dans le futur. »

Ange Diedhiou, chercheur sénégalais de l’Institut de recherche et de développement de Dakar, a travaillé plusieurs semaines dans le petit laboratoire installé à l’intérieur du bateau : « Il faut comprendre d’abord la ressource, comprendre son évolution, peut-être éventuellement les intégrer dans des modèles mathématiques pour faire des prévisions en termes de toxicité. Aider surtout les décideurs, parce que l’on peut éventuellement expliquer la raréfaction du poisson, en liaison avec le futur plancton ou le zooplancton, on peut peut-être aussi prévenir certaines maladies. »

La mission sera sur le fleuve Casamance du 11 au 19 septembre pour étudier les micro-plastiques.

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